By Gilles Sengès
Published on Wednesday, April 17, 2019
Bernard-Henri Lévy: « Les populistes crient, braillent, les libéraux se taisent. Et quand une majorité silencieuse se tait, il manque une étincelle ! Il faut qu’elle vienne d’Angela Merkel, d’Emmanuel Macron, de François-Xavier Bellamy et les autres… Pour l’instant, ça ne va pas ! »
Nous sommes à Sarajevo. Dans une chambre d’hôtel impersonnelle. Tout est noir et blanc. Le bureau, le lit et même la baignoire. Sur le mur, défilent des images de guerre et de bombardements. Çà et là traînent des livres, un paquet de cigarettes, une bouteille de whisky. Bernard-Henri Lévy, costume noir, chemise blanche, tourne en rond. Il s’assoit, se relève, s’allonge, se promène de long en large. Il soliloque. Le philosophe-écrivain est censé prononcer dans les deux heures qui viennent un discours sur l’Europe dans cette ville martyre de Bosnie-Herzégovine dont le siège par les forces paramilitaires serbes a duré plus de trois ans (avril 1992-décembre 1995) et fait quelque 5 000 morts parmi la population civile.
Il n’y arrive pas. Comment parler des valeurs de solidarité, de paix et de coexistence à des gens qui peuvent avoir le sentiment à juste titre d’avoir été abandonnés à leur triste sort alors qu’ils défendaient les mêmes idéaux ? BHL a beau faire appel aux mânes, à la princesse Europe, figure de la mythologie grecque d’origine phénicienne (!) ou aux bonnes consciences du « vieux continent », la réalité lui revient à chaque fois en pleine figure comme un boomerang entre le rejet des migrants, de ces réfugiés syriens, fuyant la guerre civile, la montée inexorable du populisme et de la xénophobie au Royaume-Uni, en Hongrie, en Pologne… Qu’il est difficile de défendre la citadelle assiégée !